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Jbara vit, dans les montagnes d’un pays du Maghreb, entre ses parents, ses cinq frères et soeurs, et ses brebis. Elle rêve d’ailleurs. Son père, ignorant et brutal, la traite en servante. Elle couche avec les bergers de passage en échange de quelques douceurs. Son plus grand plaisir ? Les yaourts à boire à la grenadine Raïbi Jamila. Un jour, elle se retrouve enceinte. Elle est alors bannie et contrainte d’aller à la ville où l’attend une vie de misère. Dans un monde qui ne veut pas d’elle, elle parle à Allah. Il est son seul confident. Elle lui raconte sa vie, la misère, le mépris. Car, à la ville, elle va devoir survivre. survivre aux hommes qui la traitent en objet, à la prostitution, à la prison : une vie semblable à tant de vies de femmes, aujourd’hui.

Le récit d’Eddy Simon, adapté du roman de Saphia Azzedine, use d’un ton à la fois léger et profond pour décrire son incroyable caractère, dont la liberté totale et parfois choquante sonnent étonnamment naturels. Djara semble exister vraiment, sa voix off qui invoque Allah est touchante et toujours incroyablement naïve. La dureté du personnage qui prend des décisions parfois radicales, cette forme de mépris dominateur sur les hommes, tout dans cette jeune femme fascine et donne à réfléchir. La jeune bergère innocente du début, qui croit que la virginité se mesure aux poils pubiens, devient une prostituée de luxe qui continue pourtant à se confier à son Dieu pour qu’il l’aide à traverser sa vie.

L’album est fascinant dès sa première page, intelligent et drôle, et donne une envie folle de se plonger dans le travail de l’écrivaine médiatique, dont c’était le premier roman.

© FUTUROPOLIS – SIMON & AVRIL