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Ces jours qui disparaissent commence de manière presque anodine et nous emmène à travers les pages dans une histoire intime et bouleversante au cœur de ce qui fait l’identité d’une personne. Le scénario est totalement inédit et novateur. Il est d’une justesse et d’une richesse rarement vues en bande dessinée. L’histoire est très solide et menée tambour battant. Elle nous accroche tellement qu’il est difficile de quitter l’album avant la fin. L’auteur arrive avec subtilité à faire progressivement varier le récit de la psychologie vers le fantastique. On ne ressort pas indifférent de cet album.

Que feriez-vous si d’un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu’un jour sur deux ? C’est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui, sans qu’il n’en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu’un jour entier vient de s’écouler. Il découvre alors que pendant ces absences, une autre personnalité prend possession de son corps. Un autre lui-même avec un caractère bien différent du sien, menant une vie qui n’a rien à voir. Pour organiser cette cohabitation corporelle et temporelle, Lubin se met en tête de communiquer avec son « autre », par caméra interposée. Mais petit à petit, l’alter ego prend le dessus et possède le corps de Lubin de plus en plus longtemps, ce dernier s’évaporant progressivement dans le temps… Qui sait combien de jours il lui reste à vivre avant de disparaître totalement ?

Un ouvrage d’une grande richesse, diablement efficace, extrêmement bien orchestré, intelligent et cohérent, dont la chute est une merveille. Au-delà des questions profondes que posent ce récit, je suis saisi par la force narrative que met en place ce jeune et talentueux scénariste, dessinateur, coloriste tout à la fois : Timothé Le Boucher né en 1988. C’est remarquable de constater une telle maîtrise chez un si jeune auteur.

© GLENAT – TIMOTHE LE BOUCHER